Nathan
Journal Intime d'un mouilleur de couches.

Médecine du Travail

J’appréhendais un peu cette journée du 03 Avril. Bien évidemment, il m’était impossible de donner la version officielle. Alors j’ai construit une petite histoire à faire pleurer dans les chaumières. Une histoire qui devait rester crédible. Impossible pour moi de venir sans couches, je ne suis plus étanche ! Avec une légère appréhension et sitôt rentré dans le cabinet, j’ai livré une version officieuse clefs en main. La femme médecin, charmante au demeurant, m’a écouté avec grand intérêt en posant quelques questions ça et là. Cela faisait 3 ans que je n’avais pas été convoqué à cette visite médicale. En règle générale c’est tous les 2 ans, mais ils avaient du m’oublier. Dernière visite : Avril 2011. Je m’en souviens très bien car en Mai de cette année, je partais avec Nathy an Tunisie pour l’acte 1 scène I : Injection de botox dans les sphincters. Bref, passé les salutations d’usage, je lui ai expliqué que si je me souvenais bien de la dernière visite, c’est qu’en Mai 2011 (15 jours plus tard) j’étais parti en Tunisie et que j’étais tombé dans l’escalier en marbre sur les fesses. Une chute qui m’avais conduit directement dans une clinique non loin de là. Cette chute avait réveillé une ancienne fracture lorsque j’avais 15 ans.
A l’époque j’aidais un ami à descendre une de ces vielles gazinières hyper lourdes dans son garage. Dans l’escalier, j’avais raté une marche et j’étais tombé sur les fesses en prenant aussi le poids de la gazinière.
Une fracture mal soignée qui avait alors perturbé la liaison sacrale coccyx/nerf pudental. Cette chute en Tunisie avait fini par rompre ce fameux nerf pudental et bloqué l’ensemble du couple col vésical/ sphincter strié. Pas de dommage au coccyx, qui avait laissé lors de la première fracture une partie saillante justement à proximité du nerf incriminé. Un peu comme un couteau, la chute a fini par sectionner net ce nerf. Bref, rentré en France avec un système bloqué et obligation de sondage vésical. Un état que je ne pouvais pas supporter compte tenu de mon métier. Infections urinaires à répétition. Vu que mon système de contrôle était fermé à jamais, et devant les fins de non recevoir des urologues sur St Nazaire, je me suis tourné vers l’urologue en Tunisie qui m’avait pris en charge lors de mon bref passage à la clinique. Il avait des solutions (injection de toxine botullique, stent….etc etc…). La solution du Stent m’ayant convenue parfaitement, j’y suis alors retourné pour en finir définitivement avec ces blocages. La seule contrainte c’est le port de couches mais ça reste très acceptable par rapport à ce que j’ai vécu. J’ai fini par lui dire que cette chute aurait aussi pu me faire perdre l’ensemble de mes fonctions motrices et que l’incontinence est finalement un moindre mal.
Une fois ce paragraphe clos, elle m’a ausculté en me demandant de me déshabiller. Je lui ai juste demandé si je pouvais garder mon pantalon, question de pudeur. Elle a accepté sans problèmes. Voili voilou…Nathy n’en revient toujours pas !! Ben si !! Je l’ai fait …et d’ailleurs j’ai enregistré nos échanges via l’iPhone bien caché au fond de la poche du blouson. Je viens de l’avoir au téléphone et elle m’a dit : « T’as des couilles !!  » Peut être mais, depuis plus de 2 ans, elles sont noyées dans le pipi !! 🙂

Après la Pluie…

Vient toujours le beau temps. C’est une constante sur notre planète. Voici donc les nouvelles toutes fraiches ! Tout d’abord, le 20 Mars rendez-vous à la clinique pour un bilan après 3 semaines de traitement. Confirmation que le col vécisal est bien la cause de ces nuits agitées (le Vésicare ayant eu l’effet inverse à celui escompté) et l’Alfuzosine (un alpha-bloquant selectif), permet d’améliorer ma qualité de sommeil. Le 22 Avril, un bilan uro-dynamique sera effectué pour avoir une cartographie complète. Une cartographie qui servira à mon urologue tunisien pour proceder aux derniers reglages et mettre ainsi un point final à ces pérégrinations tunisiennes. Mon urologue français, un homme très sympathique, emphatique et compréhensif, n’envisage toutefois pas d’intervention de son coté mais comprend néanmoins la démarche et les raisons qui me poussent à vouloir aller au bout de ce sinueux chemin. J’ai eu dans la foulée mon Cher Dr adoré au telephone qui confirme le diagnostic et nous avons calé une date pour l’ultime intervention. Retour en terre africaine le 04 Mai prochain avec Nathy bien évidemment. Cette intervention sera donc adapté au bilan uro-dynamique et très vraisemblablement limitée à completer l’incision du col vésical. Ensuite c’est promis, juré, craché, je profite. Pour être franc et sincère, je profite déjà de cette pissouserie au quotidien. Nathy est d’ailleurs surprise de me voir moins stressé à l’idée que l’on aperçoive ou devine ma couche. Une couche toujours protégée par une culotte plastique qui bien souvent déborde du jean. Avec des tee shirts courts, (je rentre dans du 14 ans) il arrive bien souvent que la culotte soit visible. Il faut assumer ses choix et vu que le mien n’a pas de retour possible à moins de me faire greffer un sphincter artificiel (ca serait le comble), je n’ai d’autre alternative que de vivre pleinement cette vie rythmée par des changements de couches réguliers. Au travail, c’est aussi une question d’adaptation. Il m’arrive parfois d’avoir envie de faire caca et je dois donc enlever la couche et la remettre. Je ne prête même plus attention aux bruits des scratchs qui sont pourtant bien audibles (surtout avec les comficare, Nathy peut en temoigner). Les comficare qui sont devenues mes couches quotidiennes lorsque je dois sortir. La rolls des couches qui tient la journée facile !!…Un peu moins discrètes que les Abenas mais pas tant que ca tout compte fait. Bien que je fasse très attention au travail (tee shirts et pulls longs), je pense avoir été repéré à plusieurs reprises…Quoi qu’il en soit je m’en fou.
Le 03 Avril prochain c’est visite médicale. Nathy est aux anges (tu m’étonnes !). Je vais toutefois devoir broder une belle histoire (ca je sais faire). Affaire à suivre…

Un grand merci à vous tous !

Je voulais vous remercier pour votre soutien. Je devrais plutôt dire « Nous » vous remercions pour vos messages qui nous vont droit au coeur à Nathy et à moi. La vie est faite de surprises. Ce n’est pas un long fleuve tranquille (surtout nous concernant ).
C’est en les acceptant que l’on devient plus fort encore. Nous ne baissons pas les bras loin de là ! A l’heure où je vous écris ces mots, le moral est comme le temps : Beau Fixe. Ce qui est paradoxal c’est que les nuits sont toujours très perturbées alors qu’en journée tout est nickel. Le 19 Mars je retourne voir mon Urologue français afin de comprendre ce qui cloche (il y a forcement une cause mais laquelle?).
C’est en fait notre dead line à partir de laquelle nous déciderons ou non de retourner en Tunisie. Selon Mon urologue Tunisien, la cause est liée au col vésical. C’est bien évidement ce que je pense aussi. Il suffit de « compléter l’incision du col » selon ses propres termes. Une intervention bénigne en déambulatoire. Le col a encore quelques résistances que mon urologue français a bien observé mais qu’il jugeait insuffisant pour assurer une quelconque continence. En écrivant ces lignes je m’amuse des propos qu’avait tenu un « lecteur assidu » jugeant que « ça tournait en rond ». Il n’a pas tort mais impossible d’avancer sans avoir définitivement clos cette partie du dossier.

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